En cette année 1981, l’association est installée à Valence dans cinq appartements d’un HLM dans le quartier de Fonbarlette. On parlerait aujourd’hui de « zone sensible ». René Péchard y occupe une petite chambre. Tout le reste a été transformé en bureaux ou en hébergements pour les jeunes qui ne cessent d’arriver en provenance des camps de réfugiés. Tonton est dans son élément au sein de cette population souvent défavorisée, il en fait partie, il la comprend, la respecte et on le lui rend bien. Levé le premier, il est depuis longtemps au travail lorsque les jeunes émergent pour aller en classe. Il sait être exigeant: c’est un père.
Arrêtons-nous un instant tandis que l’indispensable madame Somvilay s’affaire devant une montagne de courrier et que madame Ba prépare le repas qui réunira toute la famille. Arrêtons-nous un instant et rêvons à une société où l’amour et le partage remplaceraient les opérations de fund raising et les discriminations, où les responsables, premiers levés partageraient vraiment les joies et les peines et où les jeunes seraient aimés à la mesure des détresses.
Un peu d’amour, un peu d’humilité, beaucoup de travail…. Et voici que ces appartements sonores, cette barre de HLM, ce quartier difficile, étaient devenus pour ces jeunes jetés hors de leur pays dans des conditions souvent tragiques, une famille. L’un d’eux dira : « Ce n’est pas un foyer, c’est ma maison ».