Discours d’Yves Meaudre le jour de la remise de la légion d’honneur à Jean-Claude Didelot

Category: 1988 – 2001, Historique 221

 

Discours d’Yves Meaudre le jour de la remise de la légion d’honneur à Jean-Claude Didelot le 9 octobre 2000.



Jean-Claude – pardon ! Cette suite de discours étaient tous plus remarquables les uns que les autres mais il y a un mot quand même que toute l’équipe d’Enfant du Mékong voulait te dire – tu nous as certainement obligé à devenir des aventuriers.

 

Nous n’avions les uns et les autres, et j’ai beaucoup apprécié la remarque d’Amédée Thévenet en disant que après ceux qui gagnent les batailles il y a ceux qui administrent et les administrateurs ont une tentation profonde, c’est de ne pas partir à la bataille parce qu’ils ont vu ce qu’ont reçu les soldats qui ont gagné les lignes. Et on est mieux dans la position d’un administrateur, d’un homme qui gère, que dans celle d’un chevalier puisque aujourd’hui tu l’es, qui va aller nous obliger pour défendre certainement l’honneur et  – je pense beaucoup quand on entend la généalogie de ta famille – il semble qu’effectivement l’honneur ait été le sentiment le plus profond et que vous avez tous respecté de père en fils. C’est un héritage très lourd que tu as su relever de manière exemplaire.

 

Tu nous appris à être des aventuriers c’est-à-dire, je me souviens des premiers moments que j’ai passés à tes côtés où étant au camp de Site 2, tu nous as quittés, Olivier Dauphin – qui est ici parce que je crois que sont venus tous les grognards de la maison, Olivier doit être par là – et nous t’avons laissé tout seul partir dans un taxi conduit par un très gros chinois et tu partais au Vietnam qui était encore un pays fermé et difficile et tu es parti tout seul – nous ne t’avons pas accompagné – et tu as ouvert ce jour-là les programmes  qui aujourd’hui sont près de 220, 220 programmes c’est-à-dire près de 30 000 enfants qui bénéficient […] de ce voyage ou tu es arrivé ayant des contacts avec des parents de garçons que tu as élevés avec Aliette.

Nous avons de ce jour où tu as été accueilli dans des familles qui étaient barricadées si tu te souviens, qui étaient barricadées et tu essayais de leur parler à travers les barricades grâce à la personne qui t’accompagnait pour donner confiance à ceux qui t’ont ouvert, ont défait leurs barricades parce qu’ils avaient peur de la police. Tu es passé à ces moments là et je dirai que ce sont les moments fondateurs d’Enfants du Mékong au Vietnam.

 

Les nombreux enfants que tu as élevés d’abord avec Aliette – Je crois près d’une trentaine d’après ce que l’on m’a dit – qui ont passé chez vous et certains d’entre eux sont ici aujourd’hui.

 

C’est une fidélité que nous admirons tous et que nous essaierons, même si tu es entouré d’une garde de grognards, et puis il y a aussi des mamelouks – Eric – qui la main sous le haut de la poignée de leur cimeterre, sourcils fronçants, à la moindre allusion  un petit peu – vous savez nous sommes des gaulois donc nous sommes faciles et en clin à se soulever de temps en temps et à grogner – et puis tu as tes grognards. Je te rassure, le général Cambronne à la tête de ces grognards sera là, je ne pense pas à Waterloo mais à un Austerlitz céleste, j’espère. Jean-Claude tu nous appris une chose – il n’y a pas longtemps quelqu’un m’a dit mais au fond qui est Jean-Claude Didelot et je crois que c’est Bernanos, il a dit : « il n’y a aucun lieu si petit soit-il qui laisse la place au mensonge ». C’est une chose qui m’a frappé chez toi, c’est qu’il n’y a aucune prise sur le mensonge, le mensonge peut être le vrai mensonge massif, énorme et considérable mais il y a aussi les petits mensonges que l’on fait qui passent par la vanité, qui passe par un arrangement de la vérité pour pouvoir passer. Tu nous en as cité un tout à l’heure qui nous a tous beaucoup surpris à propos d’une prière rapidement faite, ce n’était pas un mensonge, c’était une habileté politique que le Bon Dieu t’a renvoyée.

 

Mais c’est une chose qui te caractérise de façon extraordinaire, c’est ton incapacité de près ou de loin à faire une concession, ce que notre siècle fait trop.

 

La deuxième chose qui me parait évidente, et la même personne me posait la question, tu es dévoré par l’Evangile. Et c’est une des raisons impressionnantes de voir le nombre d’enfants qui autour de toi ont découvert le Christ, grâce à toi. Le nombre d’enfants qui croyaient que personne ne les aimait, qui ne savaient pas qu’il y avait un Père au Ciel qui les aimait et qui d’un seul coup ont vu un regard qui les aimait et d’un seul coup ils ont été rendus à eux-mêmes, d’un seul coup ils se sont redressés, ils sont redevenus droits et se sont dit je suis né à partir de ce jour où j’ai eu un regard aimant sur moi-même. Ils sont nombreux ici dans cette salle.


Et avec Aliette qui a du ouvrir son cœur et qui a eu dans sa vie d’innombrables enfants asiatiques, vous formez pour nous un exemple que nous aimerions imiter.


Merci Jean-Claude !

consultez aussi le dicours de Amédée Thevenet

 

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