Cette phrase empruntée aux intuitions de René Péchard se fondait sur son expérience. Il avait trop souffert des idéologies pour ne pas s’en méfier. Il savait – pour en avoir été lui-même victime – comment des adultes sans scrupules peuvent manipuler la générosité des plus jeunes en maniant l’emphase et l’incantation. Les pays d’Asie, à l’instar de l’Europe sortent d’un demi siècle de troubles. Les nouvelles générations n’en sont pas responsables. L’avenir leur appartient et il serait malvenu de leur transmettre des querelles d’un autre âge et scandaleux de profiter de leurs attentes pour leur imposer nos choix politiques ou religieux.
Pour René Péchard, l’utilisation du nom de l’association qu’il avait fondée au Laos ou de celle que nous avions fondée ensemble en France, et plus encore, la référence à une fonction de direction pour tenter d’orienter un choix politique, aurait été considérée comme un véritable abus de confiance vis-à-vis des donateurs et comme une insupportable pression vis-à-vis de nos amis en situation de détresse.
L’Institut du Fleuve ne se réclame d’aucun parti politique, « chacun peut y avoir son opinion, peut appartenir à un parti, mais ce doit être discret et jamais l’association ne doit être mêlée aux opinions de ses dirigeants. », et d’aucune religion, fidèle en ceci comme ailleurs à son fondateur spirituel dont, pourtant les références personnelles étaient clairement chrétiennes… ou, plus clairement parce que ses références étaient clairement chrétiennes. Il aurait fait sienne, je le pense cette exclamation du grand philosophe Gabriel Marcel : « Quand on dit, nous autres catholiques, c’est qu’on est déjà plus catholiques ».
Sur ce dernier point aussi, René Péchard s’était exprimé. Nous en reparlerons.
Jean-Claude Didelot