Hommage à Renée de Tryon Montalembert

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Hommage à , marraine de Mai et Chhaya dont elle a a ccompagné les études en France, durant de longues années, les prenant en charge matériellement et spirituellement. En elle, nous voulons honorer les milliers de familles d’accueil, de parrains et marraines, qui, dans la discrétion ont donné sans compter leur temps, leurs moyens matériels et leur affection depuis les premiers accueils dans les années soixante.

Le père Jacques-Marie Guilmard,moine de Solesmes, l’a bien connue :

 France catholique Un modèle pour le 3e millénaire

Mlle Renée de Tryon-Montalembert (1920-2007)

 

   Mlle Renée de Tryon-Montalembert est née en mai 1920, quelques jours avant le futur Jean-Paul II. Elle allia une vie chrétienne profonde et une activité intellectuelle rare. Après des études de droit terminées par un doctorat (1948), elle devint déléguée à la liberté surveillée près le tribunal pour enfants d’Auxerre (1951-1954). Elle entra dans le Tiers-Ordre dominicain où elle fit vœu privé de virginité. Elle eut alors l’occasion d’étudier la pensée de saint Thomas d’Aquin (elle obtiendra une licence de philosophie et une de théologie). Le goût de la doctrine fut aussi goût de la vérité : en elle, il n’y eut jamais ni fausseté ni médisance ; et l’on n’a jamais entendu dire du mal d’elle. Elle se dévoua pendant huit ans à l’Apostolat du Rosaire, et plongea sa vie dans la lumière de la vierge par excellence, Marie de Nazareth, et dans la contemplation du chapelet.

Dans la ligne du concile Vatican II, elle n’éprouva aucune difficulté à élargir à l’univers le champ de ses préoccupations. On l’a vit s’occuper d’œcuménisme et surtout s’intéresser à nos frères Juifs. Durant vingt-deux ans, elle dirigea une école juive de la banlieue parisienne (1966-1988).


Le Concile ayant permis la restauration de l’Ordre des Vierges consacrées, elle fit partie du premier groupe de femmes qui reçurent la consécration à Paris (8 décembre 1973).

En 1978, commençait le pontificat de Jean-Paul II. Elle adhéra immédiatement aux orientations que le pape donnait à l’Église. En 1985, elle créa l’association Avent marial du troisième millénaire. Son intention était de susciter une attente contemplative, avec Marie et toute l’Église, du retour du Seigneur, dans la fidélité au passé et à l’instant présent. Après le Grand Jubilé de l’an 2000, l’Avent marial devint l’Association Lumière et miséricorde. Il s’agissait de lancer l’Église dans le 3e millénaire et de hâter « l’Heure du Christ en sa venue de gloire pour une Parousie de miséricorde ».

Pourtant ce qui paraît avoir été le plus fécond dans sa vie, ce fut son attachement à Anne de Guigné, son aînée de neuf années (1911-1922), dont l’exemple a marqué la génération des enfants catholiques de France entre 1925 et 1940. Mlle de Tryon-Montalembert travailla tant au dossier de béatification d’Anne de Guigné, que Jean-Paul II, en 1990, put proclamer l’héroïcité des vertus de la fillette.

Mais le regard de Mlle de Tryon-Montalembert portait plus loin. Chaque âge, selon elle, doit porter du fruit – même la vieillesse qui devrait être un été – l’enfance est donc aussi un temps de sainteté. Ainsi l’exemple d’Anne devait être proposé à tous les petits, afin que se forme « un cortège d’enfants à la suite de Jésus et de Marie ». On verrait alors des « bourgeons de sainteté » renouveler l’Église et l’humanité. En 2005, naquit l’association Enfance et sainteté, qui a pris un essor discret mais vigoureux.

Toutefois, à partir de ce Vendredi Saint 2007, elle s’affaiblit ; seule la Sainte Communion la nourrissait. Elle n’eut pas d’agonie, mais s’endormit paisiblement à la vie de ce monde, le mardi de Pâques (10 avril). Le Seigneur l’a rappelée à lui dans la lumière pascale pour lui manifester sa miséricorde.

Mlle de Tryon-Montalembert était une femme vive et directe (elle avait été guide), mais remplie de délicatesse et d’attentions très concrètes. Elle passa en faisant le bien, et son cœur était toujours prêt à se donner sans compter. Les deux ou trois filleuls du Sud-Est asiatique, que lui avait confiés Jean-Claude Didelot, ont trouvé en elle un secours maternel. Avec une totale simplicité, elle imitait en cela Notre Dame, chez qui la virginité se conjugua avec la fécondité d’une mère. Jamais de médisance en sa bouche, on l’a déjà noté, mais pas davantage de paroles oiseuses, seulement la vérité. Pas de retour sur soi, ni sur sa santé délabrée. L’Ordre de saint Dominique pour la théologie, et l’Ordre de saint Benoît pour la liturgie qu’elle aimait vivre chaque jour à l’école du Serviteur de Dieu Dom Guéranger. Elle avait le don d’attirer des amitiés profondes et durables. Elle a beaucoup souffert. La maladie de Parkinson lui causait bien des infirmités qu’elle mettait, dans sa foi et sa générosité, au « service » du saint-Père Jean-Paul II, lui-même atteint de cette maladie.

Dès avant sa mort, on a parfois évoqué le mot de « sainteté » en parlant de cette femme qui a tant œuvré pour la reconnaissance officielle de la sainteté d’Anne de Guigné et pour susciter celle des enfants. La vie de Mlle Renée de Tryon-Montalembert paraît être un exemple lumineux pour le 3e millénaire, son enseignement substantiel demeure par ses nombreux livres, et des amis ont dit avoir ressenti les effets de sa prière dès le moment de sa mort. Remercions Dieu de nous avoir donné d’approcher cette femme sans apprêts et pourtant hors du commun. Il nous revient, comme un devoir, de poursuivre son action, notamment auprès des enfants pour en faire des amis de Jésus comme elle-même fut son épouse.

Père Jacques-Marie Guilmard,moine de Solesmes,

vice-président d’Enfance et sainteté


Enfance et sainteté :
www.enfanceetsaintete.org

 

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