« Seul les yeux qui ont pleuré peuvent voir la tristesse des autres…. »
René Péchard aimait rappeler cette phrase. Lui, qui avait beaucoup pleuré, voyait ce que les autres ne voyaient pas. Parlant des réfugiés, il me disait : « ils sourient le jour et pleurent la nuit… »
Truong avec son oeuvre |
Truong conserve dans sa petite chambre d’étudiant son tableau préféré, peint au Viet Nam avant de venir poursuivre des études d’architecture en France : une explosion de couleurs avivées par le patient travail du laqueur. Il explique : c’est une fête familiale et les riches hôtes ont payé un danseur professionnel pour l’ambiance. Le voici justement dans un coin, le regard triste, si triste. La fête continue – grâce à lui – sans |
L’artiste partage au delà des mots et lorsqu’il m’a donné son œuvre, je n’ai trop su que dire, sans doute parce qu’il n’y a rien à dire. Nous l’avons accroché dans mon bureau. Ceux qui n’ont jamais pleuré y verront un chef d’œuvre et les autres, un appel silencieux et pathétique.
Ce qui fait la tristesse du danseur, ce n’est pas la joie des autres, c’est l’utilisation qu’ils font de sa détresse pour s’amuser. Nous y avons reconnu un frère.
Jean-Claude Didelot