Le Tien Nhat Tan

Category: Amis, Anciens 27

 

Mes souvenirs d’un pays, d’un homme

 

Tan avec tonton.JPG Un jour d’hiver à la fin du mois de janvier 2001, j’ai découvert la piste de l’aéroport de Charles de Gaulle. Le froid hivernal ici, n’était pas comme j’ai imaginé auparavant.

Mes premiers mois, j’ai été logé chez un ami. Au début du mois de mars, j’ai réussi de louer une chambre de bonne de 9m², au 7ème étage, dans le XVIIème arrondissement, non loin de l’Arc de Triomphe, rue de Mac Mahon.

J’ai terminé mes études universitaires en 1996, j’ai décidé de partir pour la France, afin de continuer mon cursus en 3ème cycle. Pour mieux préparer ma rentrée en faculté, je me suis inscrit en cours de langue française, pour 2001 & 2002, à la Sorbonne.

Mes années en France m’ont permis de connaître un homme exceptionnel, que les autres jeunes étudiants appelaient tendrement et respectueusement, Tonton.


Je me souviens encore, comme si c’était hier, ma première rencontre avec lui, un soir du mois de mai 2001. Par la présentation de Dung (un ami qui était déjà aux Enfants du Mékong), je suis allé à sa rencontre au 60 boulevard de Montparnasse, pour une demande de logement.

Ma toute première impression de Tonton était d’un vieil homme, pas très imposant, avec les cheveux tous blancs, mais son regard est rempli d’amour et de tendresse.

Je lui ai parlé de ma situation et lui exposer ma demande. Il ne m’a pas répondu de suite, mais m’a proposé de venir pour suivre les cours de français avec Madame Trimaille, sur place. Quelques jours plus tard, j’ai eu la confirmation de Madame Trimaille pour m’intégrer en cours.


Depuis ce jour, je suis allé au 60 boulevard de Montparnasse 3 matin par semaine et y resté déjeuner avec d’autres jeunes du foyer, et parfois, avec des invités de Tonton. Ensuite, je suis parti en cours de langue à la Sorbonne.


A cette époque, je ne l’ai pas vu quotidiennement, il devait y avoir quelques incidences avec les membres de la direction de l’Association. La personne qui a pris la responsabilité du foyer à ces moments-là, c’était monsieur Eric. Il y avait environ 10 jeunes qui étaient encore logés au premier étage, donc : Viên, Chinh, Victor, Minh Tôn, Phuong, les frères Thinh & Dat, Boutib, Chayah…

Le personnel se composait de : Monsieur Eric, Jean-Luc, Thai, Sylvie, Madame Dang et Madame Ba.


Au début du mois d’Octobre 2001, Chinh est parti pour son inscription à EM Lyon et laissé sa chambre libre, qui m’a permis d’intégrer le foyer de Marcel Van.


J’ai appris pas très longtemps après que Tonton a signé sa démission de sa présidence de l’Association, une chose inimaginable et incompréhensible pour moi. Il a fondé juste après l’Institut du Fleuve, qui avait pour bureau principal au 16 rue de l’Arrivée, dans le XVème.


Malgré son absence du foyer, les jeunes gardaient toujours les mêmes habitudes, respectaient les mêmes horaires…comme si Tonton va venir. Ils sont venus tous ensemble à son nouveau bureau pour la prière du soir. Après la prière, certains sont restés avec lui pour partager sa journée, pour lui demander conseils ou simplement pour… rester encore un petit peu avec Tonton.


Il est toujours soucieux pour nos études, pour nos problèmes de logements… Car, à ce moment, il n’était pas loin de nous, mais comme s’il était déjà très loin pour nous soutenir. Il avait une crainte inexplicable de ce qui serait passé pour chacun des jeunes de la part de la nouvelle direction.


Pour préparer ma rentrée universitaire de 2002-2003 en 3ème cycle en Gestion – Economie, j’ai envoyé de nombreuses candidatures, mais toutes étaient refusées, à cause de l’invalidité de mon diplôme obtenu au Viet Nam.

La seule candidature qui a été retenue, était l’inscription pour le BTS Comptabilité – Gestion. J’ai décidé de saisir cette opportunité pour commencer mes études en France.


Pendant l’été 2002, j’ai appris la fermeture probable du foyer Marcel Van de Montparnasse. J’étais vraiment sidéré et paniqué, tout comme : Vien, Phuong…qui n’ont pas de connaissant, ni de famille en France. Nous étions inquiètes pour notre avenir.


Pour mener à bout et « officialisée » cette opération de délogement de jeunes, la nouvelle direction a monté de toutes pièces un vol de caméra dans le bureau de Jean-Luc ; tout en accusant les jeunes de l’avoir volé. Monsieur Antoine, de la direction, nous a menacés de nous virer du foyer, si aucun de nous ne reconnaissait cet acte. Mais, la clé de ce bureau est gardée par Jean-Luc et il l’a fermé chaque soir, avant de partir.

Nous avons présenté ces faits et avons prouvé que les jeunes n’avaient rien à voir avec cette histoire de vol. La direction a décidé de fermer quand même le foyer et de répartir les jeunes dans de différents foyers de l’association. Il y avait que Phuong et moi, sommes restés dans l’association, après cette affaire. Les autres sont partis dans leur famille, certains sont partis pour rejoindre Tonton dans son nouveau foyer, au 8 Villa Poirier dans le XVème : Viên, Minh Tôn et Victor.


J’ai été sélectionné pour aller au foyer de Saint Grégoire à Rungis, à cause de mon âge. Mais, j’ai choisi de rester à Asnières, à cause de mon trajet pour l’école.

Le foyer Marcel Van a été officiellement fermé vers la fin du mois d’Août 2002 et qui n’appartenait plus à l’association.

 

Pendant 2 ans à Asnières, j’ai travaillé 5 soirs par semaine à la restauration rapide, chez Mc Donald, juste à côté de la gare d’Asnières pour pouvoir subventionner mes frais personnels et de payer les frais de scolarité.  Je suis rentré souvent très tard dans la nuit et me suis couché fréquemment à 2h du matin, pour me levais à 7h du lendemain.


Normalement, toutes les dépenses des jeunes sont prises en charges par l’association, via le foyer. Un jour, le directeur du foyer m’a demandé si mes études étaient payées par Monsieur Didelot ou par Madame Trimaille ; comme je n’ai jamais demandé de l’argent. Malgré sa connaissance sur mes activités extrascolaires et mon travail de nuit au restaurant, il a cherché quand même de me surveiller et de connaître mes relations avec Tonton.


Pendant mes séjours au sein du foyer, j’ai continué à rendre visite à Tonton et de poser ma candidature pour un stage en comptabilité aux Editions du Jubilé, que Tonton est le Président-Directeur-Général.

Suite à ce stage, et malgré mon obtention du diplôme de BTS Comptabilité-Gestion, j’ai reçu une convocation de la direction de quitter le foyer, sans motif régulier et précis.

J’ai appris que je n’étais pas le seul qui s’est retrouvé en cette situation. Il y avait beaucoup d’autres qui se sont trouvés, du jour au lendemain, sans toit, ni famille d’accueil ;   juste à cause de leur affection et de leur reconnaissance envers Tonton Didelot.

Un des cas le plus dramatique, et qui est encore d’actualité, est celui d’un jeune, Tin, qui a été renvoyé et a subi de nombreuses séquelles psychologiques.

Il a été transféré de foyer en foyer, ce qui a affecté considérablement à ses résultats d’études, ainsi que sa personnalité. Il a perdu, dès lors, tous repères et ne croyait guère à l’avenir. Pourtant, avant ces évènements tragiques concernant la démission forcée de Tonton, Tin était un jeune doué, serviable, souriant, sociable et surtout très studieux, sportif. Il a eu de nombreux prix régionaux de tournois de tennis de table, de sa catégorie. Pourtant…maintenant…


Je me souviens encore de mes débuts difficiles, de mes peurs d’un avenir incertain… Mais, grâce à Tonton Didelot, à ses conseils, tantôt sévères, tantôt affectueux que j’ai pu réaliser mon rêve, de devenir un jeune actif, diplômé et prêt à rendre service aux autres, sans compter…comme lui.

Related Articles